
L'écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop (Dakar, 1946) reçoit Juan Manuel Pardellas, journaliste et directeur général de welcomeafrica.org, avec la sérénité de celui qui a consacré sa vie à regarder le monde sans précipitation mais avec profondeur. Dans cette conversation, publiée dans le numéro d'août du magazine NT de la compagnie aérienne canarienne BINTER, M. Diop décrit une carrière marquée par les voyages, la curiosité et l'engagement en faveur de l'Afrique. "Les voyages ont été ma véritable université", confie-t-il, rappelant que chaque voyage lui a permis d'en apprendre davantage sur d'autres cultures que la sienne.
L'interview révèle un auteur qui apprécie l'hospitalité canarienne - non seulement envers les visiteurs, mais aussi envers les jeunes migrants sénégalais qui arrivent en pirogue - et qui justifie la nécessité de comprendre le phénomène migratoire par la compassion et non par la peur. Ses mots jettent un pont entre l'Afrique et les îles Canaries, deux rives qui, assure-t-il, partagent plus que ce que l'on reconnaît habituellement.
Diop n'élude pas les questions politiques : il met en garde contre une nouvelle colonisation déguisée en mondialisation, défend l'utilisation des langues africaines comme outil d'émancipation et rappelle la figure de Cheikh Anta Diop comme référence intellectuelle d'une Afrique à la recherche de sa propre voix. Conscient des défis du présent, il s'insurge également contre le pouvoir des réseaux sociaux, qu'il accuse "d'atrophier la vie privée et d'appauvrir le journalisme".
Entre réflexions sur la souveraineté, la culture et les migrations, l'auteur dresse un portrait lucide et critique du continent africain, mais aussi profondément porteur d'espoir. Une conversation qui nous invite à repenser la relation entre l'Afrique et l'Europe, et à écouter attentivement ce que le voyage - et ceux qui voyagent - ont à nous dire.
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