Dans un continent qui se nourrit de la faim et lutte contre la guerre. Dans un pays qui dispose d'un fleuve littéraire dans lequel il est possible de plonger le cœur des ténèbres. Dans la capitale de la République démocratique du Congo, dans l'ancien Zaïre de Mobutu ou dans l'ancien Congo belge. Dans ses rues poussiéreuses et chaotiques, dans ses bidonvilles insalubres et misérables... Là, où les coups d'État sont plus nombreux que les coups de matraque, un peuple imbattable répète un répertoire de Mozart ou de Beethoven, arrange le boléro de Ravel - lui seul l'ose - et construit ses propres contrebasses en vidant de sa substance la seule qu'il possède. Là-bas, où les coupures de courant sont monnaie courante, les musiciens continuent de jouer dans le noir - même si le Titanic coule - et les violonistes réparent eux-mêmes les pannes électriques sur place. Là, où l'on ne parle que le lingala et le français colonial, la chorale apprend les partitions en allemand obligatoire et subit les philippiques d'un chef d'orchestre qui avoue ne pas avoir étudié la musique. Je parle des 200 membres de la Kinshasha Symphony, un merveilleux orchestre né de rien, un bel hymne à la joie et le titre d'un splendide documentaire à la fin tout simplement apothéose.

Documentaire projeté au Elder Museum of Science and Technology à l'occasion du festival WOMAD Las Palmas 2011. Il faisait partie de la série de films africains organisée par Casa África, en collaboration avec l'ONGD Al Tarab et son programme Cinenómada, et composée d'une sélection de films qui ont été projetés lors du magnifique Festival du film africain de Tarifa (FCAT).

(Texte publié dans mon livre “La niña de Lambaréné y otras escenas africanas”, 2015).
